Observatoire eau potable

Pour mettre à disposition des usagers des informations utiles à la compréhension des enjeux de l’eau, le Département travaille sur la réalisation d’un observatoire de l’eau.

Généralité

Géologie eurélienne

Le bassin parisien peut être schématiquement représenté par un empilement de couches sédimentaires à dominante calcaire dont l’épaisseur au centre dépasse 3 000 mètres. Les couches les plus anciennes se trouvent en périphérie du bassin et plongent vers le centre en profondeur. 

Le département d’Eure-et-Loir se positionne en limite ouest de ce bassin avec un socle primaire vers 2 000 mètres en limite est et vers 400 mètres en limite ouest. 

Source : plaquette eau du Département d’Eure-et-Loir

Hydrogéologie eurélienne

Il est distingué 6 domaines différents pour chacun desquels au moins deux nappes sont exploitables à des profondeurs différentes. Les nappes les plus superficielles sont sensibles aux activités humaines  de surface qui peuvent engendrer des pollutions diffuses (nitrates, pesticides…). Les ¾ du département sont concernés par cette pollution généralisée.

Source : plaquette eau du Département d’Eure-et-Loir
Source : plaquette eau du Département d’Eure-et-Loir

L’eau souterraine, un capital rare à préserver.

Elle constitue sur le globe terrestre notre plus important stock d’eau douce disponible avec 4 000 milliards de m3.  Toutefois, elle ne représente que 0,3% de l’eau totale dont la majeure partie est salée (97,3%) et l’autre gelée (2,4%). L’eau douce contenue dans les rivières et les lacs ne représente quant à elle que 125 milliards de m3 soit 30 fois moins que l’eau souterraine.

En moyenne, moins d’un quart de la pluie qui tombe s’infiltre vers les nappes. Leur alimentation se fait principalement de la fin de l’automne au début du printemps lorsque l’évaporation est faible.

La majeure partie de l’eau ainsi infiltrée est ensuite progressivement restituée au cours d’eau pendant le reste de l’année.

L’autre partie servira à reconstituer la réserve d’eau souterraine.

Ainsi, lors d’une sécheresse prolongée (plusieurs années), les réserves auront tendance à s’épuiser voire à disparaître pour les nappes peu importantes. En revanche, lors d’années très pluvieuses, elles auront tendance à augmenter voire à déborder jusqu’à provoquer des inondations dans les vallées.

Certaines activités humaines viennent perturber ce cycle naturel en bloquant le flux par des retenues, en pompant pour des activités anthropiques (agricoles, industrielles et eau potable)

Lors d’une année moyenne, environ 950 millions de m3 d’eau s’infiltrent vers les nappes du département d’Eure-et-Loir.

En 2021, les volumes prélevés étaient de 160 millions de m3 (source BNPE) soit 15% de la recharge.

En année sèche, l’apport aux nappes peut devenir très faible alors que les prélèvements peuvent doubler.

Globalement, les prélèvements peuvent alors dépasser 80% des volumes infiltrés dans l’année. Cela conduit à une diminution des ressources disponibles qui peuvent finir par disparaître si la sécheresse se poursuit trop longtemps (plusieurs années) avec le même niveau de prélèvement.

Quand ce contexte de sécheresse se présente, certains usages peuvent être limités voire interdits par arrêtés préfectoraux.

Eaux souterraines – Situation quantitative des nappes

La situation des nappes d’Eure-et-Loir depuis 1994 est la suivante :

Chaque semaine, la DREAL Centre Val-de-Loire édite un état des nappes :

Par département

Par aquifère

 Eaux souterraines – Situation qualitative

Cette situation présente l’état des eaux brutes telles qu’elles sont avant tout usage et surtout avant les traitements pouvant être mis en place pour rendre l’eau potable.

Les principales pollutions présentes sont liées aux nitrates et aux pesticides provenant des activités agricoles.

Une eau en bon état c’est :

  • une eau qui permet une vie animale et végétale, riche et variée,
  • une eau exempte de produits toxiques,
  • une eau disponible en quantité suffisante pour satisfaire, aujourd’hui et demain, tous les usages et les besoins des milieux naturels.

L’état qualitatif des masses d’eaux souterraines en Eure-et-Loir est le suivant :

Seine-Normandie

Loire-Bretagne

En raison des facteurs de pression importants qui s’accroisseront sur les deux bassins d’ici à 2027, la tendance est à la dégradation tant au niveau qualitatif que quantitatif si de nouvelles actions ne sont pas engagées.

La qualité des eaux distribuées en Eure-et-Loir

Ce paragraphe présente cette fois-ci la qualité de l’eau distribuée, donc l’eau disponible au robinet du consommateur.

En France, l’eau du robinet est l’un des aliments les plus contrôlés. Elle fait l’objet d’un suivi sanitaire permanent, destiné à en garantir la sécurité sanitaire. Ce suivi est assuré par l’antenne départementale 28 de l’Agence régionale de Santé Région Centre Val-de-Loire

Les résultats de ce suivi sanitaire sont disponibles en mairie mais également ici.

Chaque année, l’ARS CVL réalise une synthèse régionale de la qualité des eaux distribuées.

Le Département : un acteur majeur

La politique de l’eau

En 1993, afin d’apporter une réponse aux différentes problématiques existantes, le Département a mis en œuvre un Schéma départemental d’alimentation en eau potable (SDAEP), en partenariat avec les Agences de l’eau et l’Etat selon 4 grands principes directeurs qui se résument à :

  • connaître et gérer nos ressources en eau potable,
  • préserver certains secteurs disposant de ressources de qualité et agir en priorité sur ces zones pour réduire les risques de pollution,
  • s’assurer de pouvoir répondre, à terme, aux différents usages de l’eau, et assurer à toutes les collectivités la fourniture d’eau potable de qualité conforme à la règlementation,
  • viser à fournir une eau potable à un prix acceptable en réduisant au maximum les traitements de potabilisation.

En 2004, le Département adopte une nouvelle politique de l’eau avec une stratégie reposant sur trois grands principes Prévention-Solidarité-Anticipation. Le schéma s’oriente vers une incitation à la sécurisation par des interconnexions en poursuivant la recherche de nouvelles ressources et la mise en place de mesures de protection de la ressource.

En 2022, un nouveau schéma entièrement révisé a été adopté par le Département avec comme principales orientations pour son territoire :

  • Redéfinir un partage des ressources disponibles,
  • Poursuivre la sécurisation par la voie des interconnexions,
  • Améliorer la connaissance des réseaux par des étude patrimoniales
  • Améliorer le rendement des réseaux de distribution en incitant les collectivités à augmenter le taux de renouvellement des canalisations par an,
  • Anticiper les problèmes futurs d’approvisionnement.

Cette nouvelle stratégie a été définie en intégrant la notion de changement climatique avec l’une des problématiques majeures qui est la baisse possible de la productivité des ouvrages en lien avec des recharges de nappe moins favorables que par le passé.

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En complément de ces schémas, dès le début des années 1990, le Département s’est doté d’un dispositif d’aides financières pour accompagner les collectivités dans leurs projets de sécurisation et de renouvellement des réseaux :

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La structuration du territoire

Le paysage intercommunal, en matière de compétences en eau potable

Avec l’objectif actuel d’une mutualisation des compétences au 1er janvier 2026, le paysage eurélien pourrait être le suivant :

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La desserte en eau : les captages

99% de l’eau potable provient des nappes d’eaux souterraines selon la répartition suivante :

La nappe de la craie confirme, d’année en année, son rôle stratégique pour l’alimentation en eau potable avec 70% des captages et 85% des prélèvements.

Le bilan des ouvrages existants dans la base est le suivant :

  • 195 captages en service
    • 171 captages retenus dont 43 nouvelles ressources
      •   24 captages non retenus dont la fermeture dépend des travaux d’interconnexion en cours ou à venir
  • 8 captages à équiper (nouvelles ressources en attente d’une mise en service)
  • 244 captages fermés

La principale raison de la fermeture de captage est liée à la pollution diffuse par les nitrates et les pesticides.

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La desserte en eau potable : les interconnexions

Sur la période 2011-2021, 66 millions d’euros ont été investis, permettant ainsi que 77 % des projets planifiés soient réalisés. En 2019, la part de la population desservie par une eau non conforme reste à 10% pour le paramètre « pesticides » et de 4% pour le paramètre nitrates.

Sur la période 2022 à 2024, le nouveau SDAEP a fait ressortir 17 millions d’euros de travaux à mener dont 10 millions avec un enjeu qualité. La mise à jour de la programmation fait déjà ressortir 30 millions de travaux sur 2024 à 2027 et 31 millions de travaux à planifier.

L’action départementale s’articule autour de 2 axes :

  • Un accompagnement technique par un conseil auprès des maîtres d’ouvrage qui souhaitent s’engager dans des travaux de sécurisation tels que définis dans le SDAEP,
  • Un accompagnement financier dans le cadre de son règlement des aides à l’eau potable, en subventionnant les travaux d’interconnexion.

Ces travaux d’interconnexion permettent de diminuer la part de la population desservie par une eau non conforme. Après une hausse observée entre 2012 et 2014 (5% à 8%), la part de la population desservie par une eau non conforme est en baisse depuis 2015 pour atteindre 1,5% en 2022 (chiffres ARS).

La carte suivante dresse un bilan des travaux réalisés ou en cours :

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La desserte en eau potable 

L’amélioration de la desserte en eau potable ne peut se faire sans intervenir auprès des maîtres d’ouvrage pour promouvoir la gestion patrimoniale et améliorer le rendement des réseaux de distribution.

Dans le cadre de la révision du SDAEP, les Agences de l’eau ont demandé un état des lieux des réseaux de distribution. Ce bilan permettra de redéfinir des priorités départementales pour améliorer le rendement des réseaux.

L’action départementale s’articule autour de 2 axes :

  • Un accompagnement technique par un conseil auprès des maîtres d’ouvrage qui souhaitent s’engager dans une démarche d’amélioration du rendement des réseaux d’eau potable et répondre aux attentes du décret n°2012-97 du 27 janvier 2012,
  •   Un accompagnement financier dans le cadre de son règlement des aides à l’eau potable, en subventionnant les travaux portant sur le renouvellement des réseaux de distribution.

Cet accompagnement du Département est conditionné à la réalisation d’une étude patrimoniale. Cette étude a pour objectif de fournir à chaque collectivité un état synthétique de son patrimoine pour évaluer les besoins de renouvellement de réseau pour les décennies à venir et d’analyser la capacité financière à répondre à ces enjeux.

En Eure-et-Loir, les caractéristiques globales des réseaux est le suivant :

 En Eure-et-LoirEn France
Linéaire7 500 km1 millions km
Age moyen66 ans50 ans
Rendement moyen76%80%
% de renouvellement0,41%/an0,60 %/ans
Prix moyen eau potable (2023)2,77 €/m32,28 €/m3

Source SISPEA et SDAEP 28

A ce jour, 70% des études patrimoniales sont engagées ou terminées avec un objectif de 100% au 1er janvier 2026 :

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Préserver et améliorer la ressource par la mise en œuvre des périmètres de protection

Un PPC (périmètre de protection des captages) est un dispositif rendu obligatoire par la loi sur l’eau du 3 janvier 1992 (article L-1321-2 du code de la santé public). Il constitue la limite de l’espace réservé réglementairement autour d’un captage utilisé pour l’alimentation en eau potable, après avis d’un hydrogéologue agréé. Ce périmètre vise à prévenir les risques de pollutions ponctuelles ou diffuses sur un point de prélèvement d’eau.

(Source Bloc diagramme présentant les différents périmètres de protection applicables autour d’un captage (© BRGM – M.VILLEY )

Le périmètre immédiat :

Obligatoire, il protège le captage de la malveillance, des déversements directs sur l’ouvrage et des contaminants microbiologiques (parasites, bactéries, virus). La protection assurée par la clôture doit être complétée par un dispositif anti-intrusion ou de détection avec alarme.

Le périmètre rapproché :

Il vise à conserver la qualité de l’environnement du captage en vue d’éviter l’impact des activités existantes sur la qualité de l’eau et à améliorer cette qualité  si nécessaire. Il est destiné à lutter contre les pollutions accidentelles et ponctuelles. De ce fait, des activités peuvent être fortement réglementées voire interdites. Il se définit à la parcelle.

Les ressources dites naturellement protégées peuvent être exemptes de ce périmètre (ouvrages implantés dans des secteurs isolés ou dans un environnement naturel favorable à la préservation de la qualité de l’eau captée comme par exemple des captages en montagne).

Le périmètre éloigné :

Facultatif, il permet avant tout de définir une zone de vigilance sur laquelle une application stricte de la réglementation générale est demandée. Ce périmètre peut correspondre à l’aire d’alimentation de captage. Il n’est donc jamais connu à la parcelle

92% des captages en service pour l’eau potable possèdent des périmètres de protection.

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Préserver et améliorer la ressource par la mise en œuvre de la démarche d’aire d’alimentation de captage

Cette zone est délimitée dans le but principal de lutter contre les pollutions diffuses risquant d’altérer la qualité de l’eau prélevée par le captage. Elle ne se substitue pas aux périmètres de protection dont l’objectif est d’éviter toute pollution ponctuelle, accidentelle

L’alimentation en eau potable étant un enjeu de santé publique, la loi Grenelle et de la Conférence environnementale ont impulsé une action forte de protection des 500 puis 1000 captages les plus menacés en France par les pollutions diffuses (notamment nitrates et pesticides).

En Eure-et-Loir, 29 captages d’eau potable ont été retenus : 7 sur le bassin Loire-Bretagne et 22 sur le bassin Seine-Normandie.

A titre d’information, 1 000 captages ont été retenus au niveau national.

A ces captages, s’ajoutent les 35 captages classés sensibles de rang 4 dans le schéma directeur d’aménagement et de gestion des eau (SDAGE) de Seine-Normandie et pour lesquels une démarche similaire est demandée dans le cadre d’une demande d’aide. Institués par la loi sur l’eau de 1992, le SDAGE est un document de planification qui fixe pour une période de six ans les orientations qui permettent d’atteindre les objectifs attendus en matière de « bon état des eaux ». La quatrième génération de SDAGE a été approuvée en 2022 pour la période 2022-2027.Pour chaque captage identifié, le dispositif consiste à arrêter la zone de protection de l’aire d’alimentation du captage (AAC) à l’intérieur de laquelle seront définis les programmes d’actions, sur la base d’un diagnostic territorial des pressions agricoles et non agricoles.

L’objectif d’une telle démarche est la préservation et la restauration de la ressource en eau en agissant sur les pollutions diffuses.

La collectivité compétente met en place une animation agricole et non agricole pour agir à la source.

Le Département apporte un appui auprès des collectivités pour aider à la mise en place de la démarche et à élaborer le programme d’actions pour les aires d’alimentation de captage prioritaires et sensibles (SDAGE Seine-Normandie).

La carte suivante présente la situation en Eure-et-Loir

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Infos pratiques

Pour aller plus loin sur cette démarche : https://aires-captages.fr/

Appui à la définition des mesures quantitatives par la mise en œuvre d’une gestion partagée de la ressource

L’aquifère crayeux représente la principale ressource en eau du département d’Eure-et-Loir, très largement exploitée pour l’alimentation en eau potable (AEP) comme pour l’agriculture.

Située entre Perche et Beauce, la zone d’étude est particulièrement complexe puisqu’elle est le siège de divergences des écoulements au sein des aquifères et en surface (ligne de partage des eaux entre les bassins hydrographiques Seine Normandie et Loire Bretagne). Dans cette zone de transition entre le domaine crayeux et la Beauce (Illustration 1), un grand nombre de forages captent la nappe de la craie. Il s’agit en grande partie de forages d’irrigation, ainsi que des forages AEP qui atteignent la nappe de la craie captive, sous les calcaires, dans la partie nord-ouest de la Beauce.

Illustration 1 : Zone d’étude sur fond de carte géologique au 1 / 1 000 000 (BRGM©) (en jaune et orange : le domaine tertiaire, en vert : le domaine crayeux)

Des baisses du niveau de la nappe de la craie ont été signalées au niveau de certains forages, en particulier entre Chartres et Bonneval, entrainant des limitations d’exploitation. Ces dernières semblent survenir de plus en plus régulièrement depuis quelques années.

Ces tensions quantitatives entrainent des risques de conflits d’usage.

C’est dans ce contexte que les différents acteurs impliqués dans la gestion et l’exploitation de la ressource en eau du département ont entamé des discussions dans le but de parvenir à une gestion intégrée et durable de la ressource. Elles ont débouché sur la construction d’un programme technique et scientifique relatif à l’étude hydrogéologique de la nappe de la craie dans le département de l’Eure-et-Loir dont la finalité est la construction d’un modèle mathématique de gestion de la ressource en eau.

L’étude est menée en 4 phases :

  • phase 1 : Collecte des données existantes visant à étudier la faisabilité d’un modèle hydrodynamique, en 12 mois,
  • phase 2 : Synthèse hydrogéologique et élaboration d’un modèle conceptuel, en 18 mois,
  • phase 3 : Modélisation hydrodynamique de l’aquifère en 18 mois,
  • phase 4 : simulations prospectives
  • phase 5 : estimation des volumes prélevables

Ce projet est piloté par le Département.

Il est financé par les Agences de l’eau (52%), le BRGM (20%), les collectivités exploitant cet aquifère (21%) et le Département (7%).

L’objectif est de concevoir un modèle hydrodynamique simulant le fonctionnement de la nappe de la craie en vue de mettre à disposition du territoire un outil d’aide à la décision pour la gestion quantitative de la ressource en eau.

La gestion de ce modèle reste à définir (SAGE, syndicat….).