Une vie culturelle et sportive foisonnante

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Pendant la Belle Époque, une part belle est faite à la culture, et ce dès l’école avec l’instruction primaire laïque, gratuite et obligatoire. On assiste également au développement de la lecture publique, des associations de sports et de loisirs ou encore des théâtres ou autres cafés-concerts.

Le triomphe de la République doit beaucoup à l’instruction primaire, laïque, gratuite et obligatoire de 6 à 13 ans pour les garçons comme pour les filles depuis les grandes lois Ferry des années 1880. L’instituteur, « hussard de la République », diffuse auprès de ses élèves un enseignement basé sur l’acquisition des savoirs fondamentaux et l’attachement aux valeurs républicaines dans le but de renforcer la cohésion nationale par un savoir commun à tous et de faire des élèves des citoyens éclairés. Les études primaires sont couronnées par le certificat d’études, sésame pour l’enseignement secondaire, encore réservé à une minorité d’élèves. L’école est un terrain de lutte entre le gouvernement radical et les congrégations religieuses, détentrices d’une part importante de l’éducation qu’elles se voient retirer en 1904. La Belle Époque constitue une forme d’âge d’or pour le modèle scolaire républicain, qui augmente considérablement l’alphabétisation.

La naissance de la lecture publique et la recherche d’un nouvel esthétisme

L’État encourage le développement de la lecture et d’un réseau de bibliothèques publiques et populaires. Beaucoup de communes euréliennes s’en voient dotées et, en 1898, un bourg comme le Gué-de-Longroi peut proposer 311 livres en prêt. Les livres se diversifient (littérature classique, romans populaires, ouvrages pratiques, vulgarisation scientifique…) et la baisse de leur prix les rend plus accessibles. André Gide, Anatole France, Alain Fournier ou encore Marcel Proust, qui choisit Illiers comme toile de fond d’une partie de son œuvre, figurent parmi les grands auteurs de l’époque. Sur le plan artistique, la période est d’une grande richesse et voit, aux côtés des œuvres académiques, la naissance de l’art nouveau et les débuts d’une rupture au salon de 1905 où les « fauves », avant les cubistes, font scandale.

L’aviation très active en Eure-et-Loir

Le département se démarque également dans le domaine de l’aviation, à l’heure où les « fous volants » aux commandes de leurs biplans permettent à cette toute jeune discipline de gagner ses lettres de noblesse : essais et meetings s’enchaînent, mettant en avant des pilotes actifs en Eure-et-Loir comme Louis Blériot, rendu célèbre pour sa traversée de la Manche en 1909, Hubert Latham, Victorin Garaix ou Edmond Poillot.

Aviateurs euréliens

Ingénieur en mécanique, Robert Savary conçut en 1909 sa première « machine volante » et obtint de l’aéro-club de France son brevet de pilote l’année suivante. Constructeur de biplans, il créa un avion-école à double commande (l’une pour l’élève et l’autre pour le moniteur) pour faciliter l’enseignement du pilotage dans l’école qu’il avait fondée à Chartres.
Autre passionné, Hubert Latham se distingua par des actes spectaculaires comme le survol de la cathédrale de Chartres, l’atterrissage dans le parc du château de Maillebois ou son amerrissage forcé dans la Manche qu’il tentait de traverser en compétition contre Louis Blériot en 1909.   

Place à la culture de masse

 

Dans un tout autre domaine, théâtres et cafés-concerts remportent un franc succès, de même que certaines manifestations populaires comme le spectacle de Buffalo Bill à Chartres en 1905, les foires ou l’arrivée du cinéma dans le département (ouverture du cinéma Palace à Chartres en 1913). Ajoutés à l’essor de la mode, de la publicité et de la presse, ces éléments contribuent à faire émerger une première forme de culture de masse et à véhiculer l’image d’une heureuse Belle Époque.

Le développement du sport et des loisirs

En parallèle de l’éducation et de la culture livresque et savante se développe une culture populaire. La loi de 1901 encourage la création d’associations qui permettent l’essor de certaines pratiques culturelles et sportives ainsi qu’un début de démocratisation des loisirs. La pratique du sport se développe, encouragée par des personnalités telles que Pierre de Coubertin, et donne lieu aux premières manifestations sportives d’ampleur dont l’Eure-et-Loir n’est pas absente : Bonneval accueille ainsi un championnat national de gymnastique en 1914, Chartres est ville-étape du 1er tour de France en 1903 et, la même année, le département est traversé par la course automobile reliant Paris à Madrid.

Conclusion

La Belle Époque laisse place à une période complexe. Cette insouciance vole en éclats le 1er septembre 1914, lorsqu’ éclate la Première Guerre mondiale et qu’est décrétée la mobilisation générale. Une page se tourne, celle de la République triomphante, de l’éducation pour tous, des bouleversements sociaux, du positivisme et de la foi en l’avenir, et fait définitivement entrer la France dans un XXe siècle complexe et tourmenté.