Onze autistes sévères à l’usine Novandie d’Auneau

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Depuis 2014, l’usine Novandie accueille à Auneau onze salariés autistes sévères qui résident dans une unité de vie installée dans la ferme rénovée du château. Un projet un peu fou de l’ancien directeur général du site, qui essaime à présent un peu partout en France.

A la grille de l’usine Novandie d’Auneau, vous croiserez peut-être Luc Dufresne sortant de son travail. Et alors, direz-vous ? Alors Luc, comme dix autres salariés d’Andros, est un autiste sévère. Ça n’a l’air de rien, dit comme cela, mais il faut savoir que le taux d’emploi des 400 à 450.000 adultes autistes en France est de 5 % et celui des autistes sévères… de 0.

Alors si Luc part travailler le matin, s’il vit dans son logement, se nourrit, s’habille et paye son loyer, cela n’est pas anodin – et c’est grâce à un homme : son père, Jean-François. « On me disait de revenir à la triste réalité, que mon fils ne serait jamais capable de travailler. J’ai refusé d’y croire. »

 Inconscient, Jean-François Dufresne ? Pas le moins du monde : « Je regardais cette magnifique personne qu’est mon enfant et je savais qu’on pourrait l’employer à des tâches adaptées à son handicap. Il y a dix ans, je me suis donc tourné vers la famille actionnaire du groupe Andros, dont j’étais alors directeur général, avec une idée : faire accéder des autistes, y compris sévères et non verbaux, à l’autonomie via le travail. Ils ont accepté : tout a pu commencer. »

« Un gain d’autonomie, de verbalisation, de confiance »

Tout, c’est-à-dire l’intégration, sur le site eurélien d’Andros, d’un premier autiste, en 2014. Le premier d’une série de onze, à ce jour – dont Luc Dufresne, bien sûr.

Mais l’idée ne s’arrêtait pas là. Il s’agissait pour Jean-François Dufresne de « mettre en place une véritable école de l’autonomie. J’ai donc créé une association, Vivre et travailler autrement, qui s’entoure de spécialistes de l’autisme pour amener ces jeunes travailleurs vers l’autonomisation. »

Puis, grâce à un fonds de financement d’Andros, la ferme du château d’Auneau a été rénovée pour y installer ces jeunes adultes dans une unité de vie spécifique.

« L’ensemble du projet n’aurait pas pu voir le jour sans le soutien logistique et financier de l’ARS (Agence régionale de santé) et du Conseil départemental d’Eure-et-Loir », précise Jean-François Dufresne.

Car au final, ça a marché mieux qu’il ne l’espérait : Luc et ses dix collègues sont totalement intégrés à l’usine où ils fournissent un travail apprécié. « C’est pour eux un gain d’autonomie, de verbalisation, de confiance en eux – mais aussi de bonheur. Sans parler du plus pour Andros car une entreprise n’est pas une œuvre de charité ! Et là, tout y est. Ce n’est pas pour rien qu’on essaime le modèle ailleurs ! »

En effet, d’autres entreprises sont en train de transformer l’essai alnélois :

« Guerlain a d’ores et déjà embauché un salarié autiste à Chartres et Loréal va bientôt accueillir son troisième. Et dans d’autres départements, ça prend aussi. C’est ce à quoi j’aspirais ! », confie Jean-François Dufresne.