Le Dunois Charles Brennus, pilier du rugby français

Alors que la Coupe du monde de rugby se déroulera en France du 8 septembre au 28 octobre, L’Eurélien Magazine revient sur le rôle déterminant d’un Dunois dans l’histoire du rugby français.

La naissance d’une passion

Brennus Ambiorix Crosnier, connu sous le nom de Charles Brennus, est né le 30 novembre 1859 à Châteaudun où son père Jules est tailleur et sa mère Augustine couturière. Il s’intéresse très tôt à la gravure et en fait son métier. Devenu maître graveur, il crée à Paris sa société et se spécialise dans la fabrique d’insignes artistiques. Des commandes venues de clubs sportifs lui font découvrir ce monde. C’est une révélation pour Charles qui se lance dans la pratique du cyclisme, de la course à pied, mais c’est le rugby qui le passionne.

Le bouclier de Brennus

En 1892, l’Union des Sociétés Françaises de Sports Athlétiques, qui gère en grande partie le sport français naissant, organise le premier championnat de France de rugby. Pour marquer l’évènement, on décide de créer une œuvre d’art récompensant l’équipe victorieuse. Pierre de Coubertin, qui va arbitrer cette première finale, dessine le modèle, Charles Brennus est sollicité pour la réaliser. Le bouclier de Brennus est né, il va pouvoir écrire sa légende. Et c’est au Racing Club de France que revient l’honneur d’être la première équipe à le soulever !

À partir de ce moment, Charles s’investit totalement dans le sport. Il crée le 5 décembre 1895 le Sporting Club Universitaire de France. Président du club, il est capitaine et joueur de l’équipe première de rugby de 1896 à 1900. Parallèlement, il assure dès 1896 une fonction de dirigeant au sein de l’USFSA dont il devient président de 1900 à 1919. Membre du jury aux Jeux Olympiques de Paris en 1900, il est aussi l’un des meilleurs arbitres du rugby français de cette époque.

Le sauvetage du rugby pendant la Grande Guerre

En 1916, la guerre fait rage. Engagé dans les durs combats, le monde du rugby français est quasiment décimé(133 rugbymen internationaux, dont 21 Français, sont tués pendant le conflit de 14-18). Devant ce désastre, Charles Brennus décide de réagir. Après contact avec le général en chef des ANZAC(Australian and New Zealand Army Corps), William Birdwood, il est décidé de constituer une équipe de All Black de guerre et de lui faire effectuer une tournée de matchs dans toute la France. L’objectif est de sensibiliser les écoliers et les lycéens à la pratique du rugby. Le résultat est inespéré et remplit les clubs. Profitant de cet engouement, Charles Brennus crée le principe des catégories d’âge sportives, la Coupe de l’Espérance et la revue n°1 Rugby le 7 octobre 1916. Le rugby français est sauvé.

La création de la FFR

Grâce la réactivité́ de Charles Brennus, le rugby français sort de ce conflit renforcé. Au lendemain de l’Armistice du 11 Novembre 1918, sous son impulsion, les responsables du rugby votent le 15 mai 1919 la première déclaration de constitution de la Fédération Française de Rugby donc le décret paraît le 9 mai 1921 au Journal Officiel du 11 mai 1921.

Hommage à Charles Brennus

Alors que rien ne le présageait, Charles Brennus s’est révélé être un exceptionnel organisateur, un remarquable novateur et un efficace meneur d’hommes. De petite taille, un peu bedonnant, le binocle vissé sur le nez, le destin de cet Eurélien est exceptionnel. Le rugby français lui doit son essor, sa survie et sa pérennité. Il décède à 85 ans le 23 décembre 1943 au Mans.

Tous les ans, lorsque l’équipe championne de France de rugby soulève le bouclier de Brennus, ce n’est pas, comme beaucoup le pensent, un hommage rendu à un général gaulois, mais bien à un authentique Eurélien !

-Michel Merkel-

En Eure-et-Loir, 1353 joueurs et joueuses répartis sur 7 clubs, sont licenciés auprès de la Fédération Française de Rugby.