Le temps retrouvé des meubles de Marcel Proust
Dans le cadre du projet de rénovation de la Maison de Tante Léonie, le Conseil départemental d’Eure-et-Loir, gestionnaire des collections, a porté un ambitieux programme de restauration d’œuvres, avec l’aide de la DRAC Centre-Val de Loire et de la Région.
En 2021 et 2022, une première phase de restauration a concerné une dizaine de pièces de collection, dont l’écritoire ayant appartenu à la mère de l’écrivain. De nouveaux éléments ont été restaurés l’an passé, à l’image du salon d’époque Second Empire, composé d’un canapé en velours de Gênes rouge grenat, de deux fauteuils et de six chaises. Cette restauration était nécessaire pour en améliorer l’état de conservation et son aspect esthétique, dans l’optique de son exposition prochaine lors de la réouverture du musée.
Des meubles importants pour se plonger à l’époque de l’écrivain
Pièce maîtresse du salon, cet ensemble mobilier permet de retranscrire l’atmosphère d’une demeure bourgeoise de la Belle Époque. Appartenant originellement à ses grands-parents maternels, Marcel Proust en a eu l’usage lorsqu’il habitait à Paris. Après la mort de l’écrivain en 1922, sa fidèle gouvernante, Céleste Albaret, hérita de ces pièces et c’est sa fille, Odile Gévaudan-Albaret, qui en fit don au musée.
Nelly Koenig, restauratrice en mobilier, a sollicité Déborah Panaget, restauratrice de textiles et Amandine Cambet, tapissière. Pour le canapé, plusieurs interventions ont été menées, pour améliorer la stabilité de la structure bois et consolider les tissus. « Au premier abord, le canapé ne semblait pas être en si mauvais état. En effet, il avait fait l’objet d’une restauration antérieure. Il est arrivé dans nos locaux car il présentait des traces d’usure au niveau du velours. La structure a également beaucoup travaillé avec le temps, il était nécessaire d’intervenir. Nous avons retiré le tissu pour découvrir la structure et enlever la garniture, pour ensuite travailler de concert avec Déborah Panaget et Amandine Cambet » explique Nelly Koenig.
Dans l’ancien parcours du musée, cet ensemble cohabitait avec des objets ayant appartenu à la mère de l’écrivain, comme une table à ouvrage aux initiales « JP », pour « Jeanne Proust ». C’est Pierre-Alain Le Cousin, restaurateur mobilier spécialisé en marqueterie Boulle, qui a restauré cette table. Ce meuble de la seconde moitié du XIXe siècle possède un plateau marqueté dans le style Boulle caractérisé par l’utilisation d’écailles de tortue avec incrustations de motifs en laiton. Le plateau marqueté, très endommagé, a dû être entièrement démonté. Redressés et nettoyés, les filets en laiton ont ensuite été recollés et les manques ont été comblés.
Cette restauration a nécessité plus d’une centaine d’heures de travail, quand le salon, lui, a demandé plus de 200 heures.
Restaurer pour préserver
Après un diagnostic approfondi de l’œuvre, le restaurateur propose un protocole d’intervention. Chaque restauration nécessite une réflexion sur le parti pris et le degré d’intervention, afin d’assurer la préservation de l’objet, dans le respect de son histoire. Le musée Marcel Proust – Maison de Tante Léonie possédant l’appellation « Musée de France », chaque projet de restauration doit être présenté en commission scientifique à la DRAC Centre–Val de Loire, devant des experts qui donnent leur avis.
▷ Musée Marcel Proust – Maison de Tante Léonie : 4 rue du Docteur Proust – Illiers-Combray