La tour carrée du Château de Maintenon dévoile ses secrets

Dans le cadre du projet de restauration de la Tour carrée du Château de Maintenon, des recherches ont été réalisées par les archéologues du Conseil départemental.

La Fondation Mansart a pour projet la mise en valeur de la Tour carrée du château de Maintenon. Avec son plan carré (11 à 12 m de côtés), son architecture de grès sur trois étages, couronnée d’une coursive reposant sur des machicoulis et terminée par une toiture en croupe haute de 16 mètres, la tour carrée dénote du reste des bâtiments du château. Régulièrement considérée comme l’ancienne tour maitresse du château médiéval, elle n’a pour autant jamais fait l’objet d’une étude détaillée, faute d’accès aux étages intérieurs. Le Service départemental d’archéologie accompagne ce projet de restauration. De nouveaux sondages ont permis d’étudier plus globalement l’évolution du bâtiment au cours du temps.


Une tour datant du XVe ou XVIe siècle
L’homogénéité stylistique de l’escalier et des fenêtres, l’association systématique des chaînages de grès et de la brique, les plafonds à la française et la charpente orientent vers une datation située à la fin du XVe ou au début du XVIe siècle. Dans ce contexte, la tour pourrait résulter d’une commande de Jean Cottereau, qui a acquis le Château de Maintenon vers 1503. Une porte était aménagée dans le mur nord du rez-de chaussée, permettant l’accès depuis un bâtiment qui a précédé celui où se trouve la chambre de Madame de Maintenon. Les cloisons qui divisent le rez-de-chaussée et les deux premiers étages en 3 pièces sont sans doute contemporaines de l’ouverture des fenêtres sur le jardin. Cette transformation est complétée de modifications de carrelages ou la mise en place d’un parquet de type Versailles au 1er étage et d’habillage des murs par des boiseries. Ce changement est provisoirement attribuée à Madame de Maintenon.

49 pièces de monnaie de la période Louis XIII
D’autres modifications ont été apportées entre les XVIIIe et XIXe siècles. C’est le cas par exemple de l’installation d’une alcôve et de plafonds suspendus au rez-de-chaussée, des différentes étapes de modification des cheminées ou de la transformation des habillages de boiseries aux différents niveaux. Outre les évolutions architecturales, les observations archéologiques ont permis de retrouver dans l’épaisseur de chapes jusqu’à 4 niveaux de sols successifs dont seules les empreintes de scellement des carrelages de terre cuite sont conservées. À l’exclusion des fragments de carrelage, les objets archéologiques mis au jour dans les chapes sont peu nombreux (tessons de poteries ou fragments d’os). Deux ensembles monétaires ont également été mis au jour et sont particulièrement remarquables. Le premier composé de 49 pièces datables de la période de Louis XIII, correspond manifestement à une bourse retrouvée dans l’épaisse chape du 3e étage. La seconde est un dépôt volontaire de 6 pièces, parmi lesquels trois liards de France, émis en 1655 au début du règne de Louis XIV.

Des pages imprimées ou manuscrites
Les archéologues ont également retrouvé des lambeaux de pages imprimées ou manuscrites provisoirement datés du XVIIIe siècle dans une logette sommairement aménagée à la base d’un mur du 2e étage. Les données recueillies sont en cours d’étude et feront l’objet d’un rapport détaillé qui sera remis à la Fondation Mansart et aux services de la Direction Régionale des Affaires Culturelles.