Eure-et-Loir 1900 : Une belle époque ? – Situation démographique préoccupante…
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La France de la Belle Époque traverse une crise démographique : 39,6 millions d’habitants en 1914, le taux de natalité le plus bas d’Europe et un vieillissement général de sa population. Une période qui est toutefois marquée également par des progrès en matière de santé.
Les informations délivrées par les recensements de population montrent que ce repli s’est amorcé au milieu du XIXe siècle pour s’accentuer à partir de 1870, avec un taux de natalité en baisse et un excédent des décès par rapport aux naissances. Cette tendance se retrouve en Eure-et-Loir qui, passant de 284 683 habitants en 1891 à 272 255 habitants en 1911, perd plus de 12 400 habitants pendant la période, notamment dans l’arrondissement de Dreux.
La mortalité touche majoritairement les vieillards et les enfants, ces derniers souffrant souvent de dénutrition ou de gastro-entérite, en raison de la mauvaise qualité de l’eau. Parmi les enfants mourant en bas âge, beaucoup sont originaires du département de la Seine mis en nourrice dans le Perche. Certains ne résistent pas au voyage qu’on leur fait parfois entreprendre alors qu’ils n’ont que quelques jours. De plus, les nourrices étant peu rémunérées, les enfants sont mal alimentés et ne reçoivent des soins que trop tardivement lorsqu’ils sont malades.
La surmortalité est particulièrement nette dans les grandes villes du département où se trouvent hôpitaux, hospices et dépôts de mendicité. L’insalubrité des logements et des villes, qui ne disposent pas encore de système d’égouts ni de ramassage des déchets, est également un facteur déterminant dans la propagation des maladies. Parallèlement, la natalité, peu dynamique, ne parvient pas à compenser cette mortalité élevée. Ce déficit de naissances s’explique essentiellement par des changements comportementaux tels que la limitation volontaire des naissances, la reconsidération de la place de l’enfant dans la famille et le recul de la pratique religieuse.
… Mais des progrès en matière d’hygiène et de santé pour pallier ces difficultés.
Cette situation ne doit pas masquer d’autres éléments démographiques, beaucoup plus positifs, comme l’allongement de l’espérance de vie, qui est de 48 ans pour une femme en 1900, et le fait que la mortalité, quoiqu’élevée (voire supérieure à la moyenne nationale en Eure-et-Loir), est en baisse.
Les progrès en matière d’hygiène et de santé forment la principale explication à ces évolutions démographiques.
Aucune épidémie grave n’est signalée pendant la période et la maladie mortelle la plus répandue reste la tuberculose. Les progrès de la médecine et de la vaccination ainsi que les lois sociales permettent de mieux prendre en charge les malades, tandis que la professionnalisation des sages-femmes et la généralisation des consultations de nourrissons font reculer la mortalité infantile. Les communes investissent dans l’assainissement des eaux, la construction de bains-douches et la surveillance des locaux à risques comme les abattoirs. Beaucoup se dotent de règlements sanitaires et de services administratifs d’hygiène. Les logements sont également au centre de toutes les attentions avec les premières habitations à bon marché. Les instituteurs jouent un rôle considérable dans l’appropriation des gestes basiques d’hygiène par les enfants et c’est aussi à l’école que sont dispensés les premiers cours d’éducation physique et sportive, conformément aux principes hygiénistes qui s’imposent alors.
Une population rurale
Les Euréliens de la Belle Époque sont majoritairement des ruraux et restent peu concernés par l’exode rural.
La répartition de la population évolue peu pendant la période : 40 % des Euréliens résident dans l’arrondissement de Chartres contre 16 % dans celui de Nogent-le-Rotrou, le moins peuplé. Selon le recensement de 1901, la ville de Chartres compte à elle seule 24 103 habitants, soit 8,5 % de la population totale. La population urbaine est en croissance continue dans les chefs-lieux d’arrondissement et de canton.
L’attraction de Paris et de sa région, avec leurs emplois industriels, désormais accessibles grâce au chemin de fer explique en partie les cas d’exode rural, en lien avec le phénomène encore très marginal de mécanisation des campagnes, qui réduit les besoins en main d’œuvre agricole, mais surtout la perspective d’emplois mieux rémunérés dans l’industrie. De fait, la majeure partie de la population eurélienne travaille dans le secteur primaire (54 % des actifs en 1911) tandis que l’industrie, l’administration et les services représentent une part croissante mais encore secondaire des emplois.
Les lois sociales
• 1893 : la loi sur l’assistance médicale gratuite crée des bureaux d’assistance. Ils viennent localement en appui des hôpitaux et hospices présents dans les centres urbains les plus importants ainsi que des congrégations religieuses à vocation charitable, et permettent ainsi une bien meilleure prise en charge médicale, y compris dans les campagnes.
• 1898 : la charte de la mutualité facilite la création de sociétés de secours mutuels destinées à aider leurs adhérents à parer aux accidents de la vie et former un premier système de retraites. Quelque 60 sociétés coexistaient à la veille de la 1e Guerre mondiale, regroupant
19 100 personnes.
• 1905 : loi améliorant la prise en charge des personnes âgées.
• 1910 : loi sur les retraites ouvrières et paysannes.
• 1913 : loi Strauss imposant un congé rémunéré d’un mois après un accouchement ; loi d’assistance aux familles nombreuses octroyant une allocation aux ménages ayant plus de 3 enfants